samedi 27 novembre 2010

Harry Potter : Enfin irréprochable ( ou presque ).




Commençons par le commencement, Harry Potter a eu une place immense dans ma jeunesse culturelle. Comme tous les teens de la génération 1990 ( année bénite ), je n'ai pas échappé au raz-de-marée du sorcier binoclard. Il faut dire que la dite génération née au moment où Gorbatchev recevait son prix Nobel s'est très facilement identifiée à ce jeune homme et plus encore à l'univers qui l'entoure. Entrant en 6e en même temps que Harry j'ai grandi année après année avec les pavés, de plus en plus gros, de Rowling sur ma table de chevet et ai suivi son évolution psychologique et le noircissement du tableau dans lequel il évolue. 
Pour les films, c'est une autre histoire. Colombus, aux commandes des deux premiers a su mettre en place l'univers visuel d'une façon magistrale, retranscrivant très bien le scénario sautillant et enfantin du début de la saga. Puis Alfonso Cuaron a pris le relais en tentant de donner une impulsion plus mature et sombre au film, plus cinématographique aussi avec force décors écossais et filtres gris/bleus. Cependant faire un film mature et sombre avec des acteurs/ de héros de treize ans et une narration sacrifiée ça marche moyen... Passons sur la Coupe de Feu de Mike Newell, plutôt médiocre. C'est donc à ce point de la saga que David Yates a pris le relais en réussissant très bien le cinquième opus, moins le sixième et en achevant le travail commencé par Cuaron, en donnant une vraie dimension dramatique au scénario, mais en peinant à échapper aux défauts récurrents de la série : longueurs, infidélité au récit, coupes narratives à la truelle et Daniel Radcliffe.



Ce septième opus est donc la dernière chance de voir un HP complètement réussi au cinéma. Enfin pas tout à fait, car celui ci est découpé en deux parties, la deuxième sortant au mois de juillet prochain. Certes l'argument   est très commercial, mais force est de constater que ça fait foutrement du bien ! Le récit prend son temps pour avancer et enfin on n'a plus l'impression que le scénario court après la montre en oubliant à quoi il sert. Remettons les choses dans leur contexte, Dumbledore est mort, et Voldemort is back pour en faire baver à tout le monde. Le ministère de la magie est tombé, les mangemorts font la loi, et comme le dit l'affiche : "Nowhere is safe". Résultat, on est à des années lumières de l'ambiance ultra happy du premier volet.  
La magnifique scène d'intro met d'ailleurs les choses au point très vite. Filmé avec sobriété et justesse on observe les trois héros dans la détresse les yeux tournés vers les heures sombres qui s'annoncent, le moment fort en étant le passage du départ de Hermione, où Emma Watson impeccable traduit parfaitement la gravité du contexte. Conséquence de ces événements, nos trois amis se mettent en fuite et laissent famille et amis derrière pour ne plus les blesser, Voldy étant of course aux trousses de Harry. De cette fuite, qui est aussi une quête aux fragments d'âmes de Voldemort appelés Horcruxes, découle une ambiance de tension constante. Le rythme alterne, avec une efficacité sidérante pour la saga, entre séquences d'actions frénétiques et ambiance de road movie. La première catégorie n'a pas a rougir des blockbusters récents. Que ça soit la course poursuite dans les tunnels londoniens ou la destruction de l'Horcruxe, on en prends plein les mirettes, on retient son souffle le tout en évitant le déballage technologique inutile. C'est bien. Mais c'est la seconde partie qui fait la grande réussite du film. D'un point de vue visuel d'abord, le fait de quitter les murs de Poudlard permet de se tourner vers de magnifiques décors. Des landes anglaises, aux forêts profondes en passant par une plage à l'ambiance magique, on apprécie de voyager un peu avec les trois héros. A côté de cela, on observe aussi la psychologie d'un trio aux fondations plus complexes que jamais. Les crises adolescentes, les romances, les craintes et les affirmation de caractères sont explorées avec finesse par un Yates pudique et sobre. Pas de superflu dans l'émotion et c'est tant mieux. 


Biensur, tout n'est pas rose, certains défauts ne partirons sûrement jamais. Le premier, et le plus gênant : Daniel Radcliffe. Le jeune homme était parfait en Potter enfant, mais depuis l'épisode quatre on a bien compris qu'il est tout sauf un très bon acteur. Son charisme de flan se double d'une expression faciale unique ( je serre les dents les yeux froncés, le regard vide) accompagnant des répliques balancées avec la même crédibilité qu'un Berlusconi qui nierait aimer les femmes. Enfin, il ne parle pas des masses dans ce volet donc...Et puis c'est pas comme si ils avaient pu le virer. Heureusement que Watson et surtout Grint rattrape le coup, épaulés chez les méchants par un Ralph Fiennes enfin terrifiant et une Bonham Carter toujours parfaitement timbrée. 
Sinon, si on veut chipoter, on aurait apprécié plus de nuances dans la photo, teinté d'un unique gris qui, s'il est efficace et accentue la noirceur du film, est tout de même un peu trop plat sur la longueur. Et puis supprimer la ridicule scène de danse entre Harry et Hermione. 
Ah j'allais oublier aussi, un passage d'animation se glisse dans le film. Et franchement là, je tire juste mon chapeau pour la qualité du graphisme et sa pertinence dans le récit. No Spoiler.

Bref, en un mot comme en cent, Harry Potter n'est toujours pas du David Lynch, mais le blockbuster teen est devenu un vrai film de cinéma, réellement bien écrit et bien filmé. Et ça, c'est tout bon pour le grand final qui s'annonce épique.

M.